
Ce message s’adresse principalement à celles et ceux qui comme nous manipulent et travaillent régulièrement des essences de bois pour réaliser des objets, notamment des manches de couteaux. Les informations suivantes ne concernent pas les utilisateurs finaux, car une fois les bois traités et finis, leurs dangers pour la santé sont neutralisés.
Les bois européens, une alternative plus sûre
En général, les bois locaux et européens présentent beaucoup moins de risques pour la santé que les bois exotiques. Ces derniers, bien que prisés pour leur durabilité et leur esthétique, contiennent des substances chimiques naturelles qui peuvent avoir des impacts graves sur la santé des artisans.
Substances responsables et leurs impacts
Huiles naturelles
Rôle : Elles protègent le bois contre l’humidité, les insectes et les champignons.
Effets sur la santé : Lors de l’usinage, ces huiles peuvent se volatiliser et provoquer des irritations des voies respiratoires, des muqueuses, ou de la peau. Par exemple :
Teck : Ses huiles provoquent des irritations pulmonaires et cutanées.
Palosanto (bois de rose) : Libère des huiles essentielles irritantes pouvant causer bronchospasmes et maux de tête.
Tanins
Rôle : Présents en forte concentration dans certains bois tropicaux comme l’ébène ou l’acajou, les tanins protègent le bois des attaques biologiques.
Effets sur la santé :
Irritations respiratoires et cutanées.
Risque de sensibilisation pulmonaire (asthme).
Exemple : L’amarante libère des tanins qui irritent les voies respiratoires et peuvent provoquer des allergies.
Composés chimiques spécifiques
Rôle : Certains bois tropicaux contiennent des allergènes ou des toxines naturelles qui dissuadent les parasites et champignons.
Effets sur la santé :
Irritations intenses des poumons, des yeux et de la peau.
Hypersensibilité ou asthme professionnel.
Exemple :
Wengé : Contient des allergènes puissants pouvant provoquer œdème pulmonaire et pneumopathies.
Iroko : Renferme des toxines susceptibles de causer des crises d’asthme.
Exemples de bois et leurs risques
Bois européens (faible risque)
Buis : Poussières fines peu toxiques, risque d’irritation légère.
Houx : Peu irritant, mais une exposition prolongée peut sensibiliser les voies respiratoires.
Cade / Genévrier : Irritations passagères dues aux huiles aromatiques.
If : Contient des alcaloïdes toxiques dans la poussière, irritant respiratoire sévère.
Chêne : Irritations légères dues aux tanins.
Hêtre : Poussières abrasives, faible toxicité.
Noyer : Irritations modérées chez les individus sensibles.
Charme : Faible impact, essentiellement abrasif.
Frêne : Peu toxique, poussières légèrement irritantes.
Olivier : Poussières modérément irritantes, gêne respiratoire occasionnelle.
Bois tropicaux (risques élevés)
Amarante : Irrite les voies respiratoires, sensibilisation pulmonaire possible.
Cocobolo : Allergène puissant, provoque des dermatites et irritations respiratoires.
Padouk : Provoque conjonctivites et irritations pulmonaires.
Ébène : Poussières fines toxiques, risque de pneumopathies et fibrose pulmonaire.
Wengé : Peut provoquer asthme, œdème pulmonaire et hypersensibilité.
Bois serpent : Extrêmement irritant pour les muqueuses, risque d’inflammations graves.
Teck : Irritations cutanées et pulmonaires dues aux huiles naturelles.
Iroko : Contient des toxines allergènes pouvant provoquer des crises d’asthme.
Palosanto (bois de rose) : Libère des huiles irritantes, provoque bronchospasmes.
Amourette : Poussières irritantes, risque de bronchites et d’allergies respiratoires.
Recommandations pour les artisans
1. Protection individuelle
Portez un masque FFP2 ou FFP3 pour filtrer les particules fines et toxiques.
Utilisez des lunettes de protection pour éviter les irritations oculaires.
Portez des vêtements couvrants pour éviter les dermatoses.
2. Ventilation et extraction des poussières
Travaillez dans un espace bien ventilé ou équipé d’un système d’extraction localisée des poussières.
Installez des filtres performants sur les systèmes d’aspiration pour capturer les particules fines.
3. Hygiène de l’atelier
Nettoyez régulièrement les surfaces et outils pour éviter l’accumulation de poussière.
Aspirez les particules fines au lieu de les balayer pour éviter leur remise en suspension dans l’air.
4. Surveillance médicale
Consultez un médecin si vous travaillez fréquemment des bois exotiques. Des contrôles réguliers permettent de détecter d’éventuelles sensibilisations précoces.
Conclusion: En tant qu’artisan, notre santé est notre principal outil de travail. Si les bois tropicaux offrent une esthétique inégalée, leur manipulation exige des précautions rigoureuses. Privilégions autant que possible les bois européens, plus sûrs, et investissons dans des équipements de protection adaptés.
Une vigilance accrue garantit que notre passion reste un plaisir, et non un danger.
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